Les Temaris
J’ai découvert l’art du Témari, il y a une vingtaine d’années, grâce à une amie japonaise qui venait de s’installer près de chez moi.
Court historique du Témari …
A l'origine, en Chine, c'était un jeu de balle en peau de daim ,puis il s'est transformé, au fil des siècles et des migrations, en art de broderie de la soie par les dames des classes aisées japonaises .
Depuis le 19eme siècle le coton et les tissus de récupération ont permis à toutes les classes sociales de fabriquer des Temaris, pour le jeu, mais aussi parce qu'on leur attribuait des vertus magiques, particulièrement dans le sud du Japon. Ce qui explique l'aspect symbolique de certains motifs.
Les motifs varient d’une région à l’autre du Japon, mais on utilise souvent des tracés géométriques . Cela permet des variations infinies sur un même thème en fonction du nombre de sections, des couleurs ou de la grosseur et de la texture des balles et des fils.
Mais avec internet et le renouveau des arts du fil, l’art du témari commence à se répandre tout autour de la planète . En plus des sites japonais (sur lesquels il est parfois difficile de naviguer lorsqu’ils ne sont pas en anglais …) il y a de plus en plus de sites anglophones.
Voici quelques exemples de témaris fabriqués par Ginny Thompson du site Temarikai.com :
Témaris de Ginny Thompson :
La technique consiste tout d’abord à fabriquer une balle (appelée Mari de base) en matériaux de récupération :
- soit des textiles : vieux bas ou collants, chutes de tissu, vieux vêtements, vieux draps,
- soit des feuilles de plastique : sacs d’épicerie
- soit des granules : polystyrène, coques de riz,
ou bien en utilisant des boules déjà prêtes en :
bois, polystyrène creuses ou pleines, balle de tennis de table etc…
pour commencer on peut utiliser des boules déjà prêtes, mais je préfère, pour ma part, les fabriquer moi-même… par souci d’économie, mais surtout parce que cela me permet de varier la densité, le poids , la souplesse et la grosseur de mes témaris… et même parfois d’y ajouter des grelots ou clochettes à l’intérieur ce qui donne des témaris sonores surprenants …
Puis, il faut recouvrir entièrement la forme ou la boule avec de la laine en veillant à bien conserver une forme ronde régulière (de temps en temps faire tourner la balle entre la table et une planchette en appuyant). Quand tout la surface est bien couverte dans tous les sens,
Recouvrir cette fois avec un fil fin (fils à coudre ) de la couleur choisie pour votre fond.
Bien veiller à tourner la balle en tous sens pour recouvrir entièrement la laine.
Pour cela il faut prévoir une bonne quantité de fil à coudre, suivant la grosseur de la balle. Cela peut aller d’une bobine ordinaire à plusieurs… ( c’est pour cela que j’achète surtout des cônes !)
Maintenant que la « mari » de base est prête , il faut choisir un motif et marquer les divisions …
- pour commencer fixer une épingle à tête de couleur en un point qui sera le « pôle nord » (PN)
- préparer une fine bande de papier du diamètre de la mari.
La plier en 2 et marquer la pliure puis procéder ainsi :
En piquant une épingle à chaque division.
Voici le moment de marquer définitivement les divisions : prendre un longue aiguille et une bonne longueur de fil à coudre (dans ce cas de division simple en 4 , il faut un peu plus que 4 fois le diamètre de la mari)
Ensuite il faut commencer à broder.
Point de base du TEMARI
Le point indispensable pour broder un témari est le point de chausson (en japonais : chidori kagari … et en anglais Herringbone stitch…) avec diverses variations, dont :
- le point de fuseau : au lieu de vous déplacer vers la droite, vous travaillez autour de la même ligne de division
- le point de Chrysanthème (kiku) qui se fait en brodant un point de chausson en zig-zag autour de la boule
- l’enroulement, qui, comme son nom l’indique consiste à enrouler le fil autour de la mari (boule) (en japonais mari kagari) en fixant le fil par quelque très petits points…
- le point en aiguille de pin (matsuba kagari) pour remplir les espaces entre des motifs pleins.
- les points droits disposés de diverses façons.
Les autres points de broderie : point de tige, de nœuds, de mouche, de chaînette, de marguerite etc… sont utilisés parfois pour embellir les témaris, ainsi que les perles et les paillettes, mais ce sont des rajouts occidentaux , à ce qu’il semblerait.
En fait, rien qu’en utilisant les divisions simples en 3, 4, 5, 6, 8, 10 ,12,et 16 sections, les variations du point de base et en changeant les couleurs, on obtient déjà une variété de motifs assez impressionnante…
Si ensuite, vous y apprenez à construire les divisions complexes (qui multiplient les facettes de vos témaris)… là, le nombre de motifs différents devient comme les grains de riz du serviteur de l’empereur de Chine sur l’échiquier !… (vous connaissez cette histoire ? …)
Bref, chaque témari peut être différent, et la tradition japonaise « interdit » qu’un témari soit « parfait » pour ne pas rivaliser avec le travail de Dieu … ou de l’univers…
dans les compétitions organisées au Japon , s’il y a un témari parfait, des juges se chargent d’y ajouter un « défaut » (en fait, un point ajouté) …
Bien loin de notre esprit occidental, mais à méditer, je pense !
d'autres témaris de Ginny Thompson http://www.temarikai.com/
Fin de la première partie …